wc2010logo.pngAlors qu’elle l’a été lors des précédentes éditions (98, 2002 et 2006) la France n'était pas tête de série pour le mondial 2010. Aurions-nous du crier à l’injustice ?

Les équipes tête de série sont déterminées en fonction de leur classement FIFA, classement qui devrait refléter la valeur supposée de l’équipe, en prenant les six premiers (voire les sept si comme pour la prochaine coupe du monde l’équipe tenante du titre fait partie des six premières), en y ajoutant l’équipe vainqueur de la précédente épreuve (l’Italie classée 4ème) ainsi que l’équipe du pays organisateur (l’Afrique du sud), portant le nombre de tête de série à huit.

Le sujet de la polémique était que, si nous prenions le classement FIFA en vigueur avant le tirage au sort, la France était 6ème et par conséquent tête de série. Mais la FIFA a pris en compte le classement à fin octobre et non à fin novembre et ainsi les deux derniers matchs de barrage de l’équipe de France contre l’Irlande n’ont pas été comptabilisés. La conséquence de cela est que la France pour seulement 24 point sur plus de mille, ainsi que le Portugal, n'ont pas tête de série au profit de l’argentine et de l’Angleterre respectivement 6 ème et 7ème en octobre et seulement 8ème et 9ème novembre.

La raison invoquée est que la prise en compte des deux matchs de barrage auraient été injuste vis-à-vis de l’Angleterre qui, s’étant qualifiée directement pour la coupe du monde, n’a pas effectué de barrage, et par conséquent a effectué 2 matchs de moins que la France et le Portugal. S’aurait été une forme de prime accordée aux mauvais élèves au détriment de l’Angleterre qui avait réalisé un meilleur parcours lors des éliminatoires.

S’il le cas de l’Angleterre paraît établi, QUID de celui de l’Argentine ? L’équipe Sud-Américaine s’est qualifiée dans le groupe de la zone AMSUD (confédération CONMEBOL) et non dans celui de la France et du Portugal de la zone EUROPE (ou UEFA). Hors l’Argentine a réalisé plus de matchs de qualification que la France et l’équipe lusitanienne, soit 18 contre seulement 12 pour chacune des deux équipes européennes (y compris les matchs de barrage).

La question se pose de savoir si on peut comparer une qualification obtenue au sein de deux zones différentes. D’un point de vue purement sportif, il parait difficile d’établir des comparaisons objectives entre des équipes et des footballs différents. Cependant on peut estimer, à partir des règles établies pour réaliser le classement FIFA, si les points distribués dans chacune des zones, est équilibré d’un groupe à l’autre.

Les points sont attribués lors de chaque rencontre (amicale ou lors d’une compétition internationale) de 0 à 3 selon que l’équipe perde, gagne ou fasse match nul. Une moyenne des points obtenus est effectuée sur l’année. Les points pris en compte lors du classement est le cumul de la moyenne des points annuels obtenus sur les quatre dernières années. Pour que les dernières performances soient mieux prises en compte dans le calcul, on prend 100% des points obtenus l’année en cours, 50% de l’année précédente, puis 30% et 20% pour les 2 dernières années.

Les points obtenus lors de chaque rencontre sont pondérés en fonction de la valeur relative de l’équipe adverse (elle-même obtenue en fonction de son classement), du type de rencontre (de sorte qu’un match lors d’une compétition rapporte plus de points qu’un match amical) et de la valeur supposée de la confédération (de sorte qu’une victoire ou un résultat nul ne donnera pas le même nombre de point s’il s’ agit d’un match entre des équipes européennes, sud-américaines ou africaines par exemple).

Sachant que les rencontres qualificatives se déroulent sur 2 ans, que nous connaissons le nombre de match moyen dans chacune des zones lors des qualifications, qu’on peut déterminer la valeur moyenne des équipes par zone, on peut estimer le nombre de point moyen qu’une équipe peut obtenir lors des qualifications dans chacune des confédérations (cf tableau ci-contre). Ainsi on constate que le nombre de point est très différent d’une zone à l’autre et que le classement obtenu à l’issue de ces matchs est totalement inéquitables d’une zone à l’autre.

Les équipes de la zone AMSUD, où se trouve l’Argentine, pourra en moyenne obtenir lors des qualifications 1250 points alors que dans un même temps une équipe de la zone Européenne ne pourra cumuler qu’environ 1050 points. Ce qui fait en moyenne 200 points de plus pour l’Argentine par rapport à ses homologues Français et Portugais, ce qui est bien supérieur au 24 points obtenus par l’équipe de France lors des 2 matchs de barrage.

L’Europe n’est pas la plus male lotie, la CAF (Confédération Africaine) n’obtiendra par exemple en moyenne que la moitié des points de CONMEBOL (Confédération AMSUD) soit environ 638 points. Il est ainsi pratiquement mathématiquement impossible, ou dans de très rare occasion, à une équipe Africaine de figurer parmi les six premières au classement FIFA avant une coupe du monde ( le Cameroun 14ème est l’équipe Africaine la mieux classée avant le tirage au sort pour la prochaine coupe du monde).

Quel intérêt alors de faire des têtes de série ? Lors du tirage au sort les huit équipes têtes de série sont assurées de ne pas se rencontrer lors de la phase de pool. Sachant que seulement les deux premiers de chaque groupe sont qualifiés pour le tour suivant, en évitant que les têtes de série tombent dans un même groupe, cela évite qu’elles ne s’éliminent entres-elles. Par conséquent le classement FIFA des équipes permet de s’assurer de la présence des équipes européennes, ainsi que le Brésil et l’argentine, dans les têtes de série et donc de faire en sorte qu’elles aillent le plus loin possible dans la compétition afin d’assurer de très bonne audience tout au long de la compétition.

D’autres manipulations sont effectuées, lors du tirage au sort, qui augmentent encore la probabilité de ces équipes de sortir des phases de pool. Par exemple limiter le nombre d’équipes d’un même continent dans une même pool, ou encore faire en sorte que le pays vainqueur de la précédente édition ne puisse rencontrer l’équipe du pays organisateur qu’en quart de finale, voire en finale. Plus insignifiant, mais diaboliquement efficace, l’ordre du tirage permet de faire en sorte de sélectionner les équipes supposées plus faibles dans les groupes idoines. En effet commencer par un groupe plutôt qu’un autre n’est pas anodin. Si on considère qu’il existe plus d’équipes supposées faibles que de fortes, la probabilité de tirer une équipe forte suit ce qu’on appelle en mathématique une loi binomiale. De telle sorte que lors du premier tirage il y a supposément plus d’équipe faible que forte, donc plus de probabilité de tirer une équipe faible, puis la fois suivante comme il y a de grande probabilité qu’on est tiré lors du premier tirage une équipe faible, il restera moins d’équipe faible et donc au fur et à mesure des tirages la probabilité de tomber sur une équipe forte est de plus en plus grande. La résultante de tout cela est l’apparition bien connue d’un groupe appelée communément « le groupe de la mort », car réunissant plusieurs équipes fortes. Vous l’aurez compris ceci n’est pas le fruit du hasard, mais d’une logique bien établie.

Pour que la logique sportive, l’emporte sur le spectacle, l’audimat et le FOOT-business, il faudrait tirer au sort les équipes et les groupes de façon totalement aléatoire et donc proscrire l’utilisation des têtes de groupe. Mais peut-être ne l’avais-je pas précisé, le nom complet du classement sur lequel s’appuie la FIFA pour établir les têtes de groupe se nomme « classement FIFA-COCA-COLA », voilà qui en dit long sur les objectifs sportif. Pierre de Coubertin disait « l’important, c’est de participer ! »*, il ne se doutait pas qu’on le prendrait au pied de la lettre. Aïe ! Aïe ! Aïe ! Ça va mal !

* la phrase réelle de Pierre de Coubertin est « L'important dans la vie ce n'est point le triomphe, mais le combat, l'essentiel ce n'est pas d'avoir vaincu mais de s'être bien battu ».

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Moyenne_des_points_attribues_lors_des_phases_de_qualificatrion_par_confederation.xls